Trump au Moyen-Orient : une visite décisive pour rattraper le retard face à la Chine ?
À l’approche de sa prochaine visite au Moyen-Orient, prévue pour la semaine prochaine, Donald Trump pourrait y poser les bases d’une nouvelle stratégie américaine en Afrique, dans un contexte de compétition accrue avec la Chine. Tout laisse penser que cette visite pourrait marquer un tournant dans la politique étrangère américaine.
Vers un axe Rabat–Abu Dhabi–Washington ?
L’un des scénarios les plus plausibles serait l’annonce d’un partenariat renforcé avec le Maroc et les Émirats arabes unis. Les États-Unis pourraient s’appuyer sur Rabat comme hub diplomatique et économique en Afrique de l’Ouest, en particulier via la CEDEAO et les pays du Sahel comme le Mali, le Burkina Faso ou le Nigeria. Certains de ces pays, de plus en plus méfiants face à la présence chinoise, pourraient être réintégrés dans le giron occidental. Le rôle des Émirats serait crucial dans ce schéma : ils pourraient assurer le financement de plusieurs projets structurants en Afrique, en soutien à cette stratégie américaine de reconquête du continent.
Un coup d’accélérateur au projet de gazoduc panafricain
Parmi les annonces attendues, l’un des dossiers les plus sensibles pourrait être celui du gazoduc reliant le Nigeria au Maroc, avec un appui financier massif des Émirats arabes unis. Ce projet, qui traverse pas moins de 13 pays d’Afrique de l’Ouest, permettrait non seulement d’approvisionner l’Europe, mais aussi d’affirmer une alternative crédible aux routes énergétiques dominées par la Chine. Il est probable que Trump saisisse cette occasion pour afficher son soutien à cette infrastructure stratégique, qui incarne à la fois l’indépendance énergétique de l’Afrique et une nouvelle forme de partenariat triangulaire : Afrique–Moyen-Orient–États-Unis.
Mais ce gazoduc pourrait aussi représenter un tournant pour l’Afrique elle-même. En réduisant de manière significative le retard énergétique du continent — rappelons que plus de 50 % des Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité — ce projet contribuerait directement à l’accélération du développement africain. Il s'agit là d'une opportunité historique : celle de combler un fossé structurel, de dynamiser les économies locales, et de placer l’Afrique au cœur de la croissance mondiale, à un moment où la plupart des autres régions sont confrontées à une saturation économique, voire à une destruction massive de richesses. Le retard du gazoduc Nigeria–Algérie rend ce projet d’autant plus stratégique et urgent.
Une reconnaissance symbolique d’un “pseudo État” palestinien ?
Autre piste envisagée : une annonce autour de la reconnaissance d’un État palestinien limité à la Cisjordanie. Un État dit « léopard », morcelé, sans continuité territoriale, et dépourvu de réelle souveraineté. Une décision purement tactique, qui viserait à offrir à l’Arabie saoudite et aux Émirats un levier de légitimation pour renforcer leur coopération avec les États-Unis. Ce geste, sans remettre en cause l’équilibre régional, permettrait d’intégrer pleinement Riyad dans la dynamique de normalisation engagée avec les Accords d’Abraham.
Un objectif clair : rattraper Pékin en Afrique
Le fil conducteur de cette visite pourrait bien être la nécessité pour Washington de combler son retard sur la Chine, notamment sur le terrain des ressources stratégiques comme les terres rares. Même si un accord potentiel avec l’Ukraine est évoqué, il ne suffirait pas à assurer l’autonomie américaine. L’Afrique apparaît dès lors comme le dernier grand continent vierge, riche en ressources, et porteur d’un avenir géoéconomique crucial.
Trump veut rejouer la carte africaine
Au final, tout indique que Donald Trump pourrait profiter de ce déplacement pour annoncer une série d’initiatives destinées à renforcer l’influence américaine en Afrique : soutien à la stratégie énergétique maroco-émiratie, accords bilatéraux avec les pays du Sahel, et geste diplomatique envers le monde arabe. Ces éléments, combinés, pourraient constituer la matrice d’une nouvelle vision américaine du continent africain.
Reste à voir si cette visite tiendra toutes ses promesses. Mais une chose est sûre : l’Afrique est devenue un terrain décisif dans la rivalité sino-américaine et un pilier incontournable de la croissance mondiale à venir.